Retraites : le Gouvernement passe en force

Publié le par André Chassaigne

 « Comment accepter que sur un sujet essentiel, qui engage le pacte social et républicain, on refuse aux élus de la nation le temps nécessaire au débat ? Le recours au vote bloqué déshonore et discrédite le Gouvernement et le Président ». Ceci est une citation : c’est en ces termes que le parti socialiste dénonçait le recours au vote bloqué en 2010 sur la réforme Fillon des retraites. Trois ans plus tard, c’est pourtant en usant du même artifice politique que le Gouvernement passe en force sur sa propre réforme.

 Chacun a compris que l’objectif prioritaire de la majorité socialiste était d’abord d’écarter le débat. En effet, plus on débat et plus la vérité devient une évidence. Le Gouvernement était ainsi obligé d’assumer clairement ses choix libéraux : un âge moyen effectif de départ à la retraite de 66 ans, des pensions et un niveau de vie lourdement amputés pour la majorité des futurs retraités, un effort qui repose uniquement sur le dos des salariés et des retraités. Pour nous convaincre du contraire, la Ministre des Affaires sociales aura usé d’arguments qui tordent la vérité : sur la démographie, sur les femmes, sur les petites retraites, sur la préservation de la nature de notre système de retraite, sur l’innocuité de la réforme pour les jeunes ou encore sur l’efficacité financière du texte. Mais ce n’est pas une réforme sociale. C’est une réforme pour satisfaire aux exigences de la Commission européenne et des marchés financiers.

 Sur ce texte essentiel pour l’avenir de nos concitoyens, les modalités de son examen, imposées par le pouvoir, témoignent d’un profond mépris pour le Parlement et le mouvement social : choix de la concertation plutôt que de la négociation, présentation du texte en pleine session extraordinaire, choix ce la procédure accélérée, tentative d’imposer le temps programmé pour museler la représentation nationale, puis au final, choix du vote bloqué pour écourter les débats. Avant son retour pour une dernière lecture dans quelques jours à l’Assemblée nationale, après sans doute un nouveau rejet au Sénat, le passage en force sur cette réforme injuste est déjà un terrible déni de démocratie.

 C’est surtout une atteinte fondamentale à la justice et au progrès social. Car comment oser parler de justice et d’équité quand les efforts demandés reposent uniquement sur les travailleurs, sur le travail, sur les jeunes, sur les retraités. Les modestes doivent se serrer la ceinture, quand les amis du Cercle de l’industrie et du MEDEF sont épargnés ! Pourtant, plusieurs dizaines de milliards d’euros de recettes auraient été dégagées par l’élargissement de l’assiette des cotisations sociales aux revenus financiers, par la modulation de ces cotisations en fonction du comportement des entreprises, par la résorption rapide des inégalités salariales et professionnelles entre femmes et hommes. Autant de propositions portées par les députés du Front de gauche et qui ont été systématiquement repoussées !

 Fidèles à la défense des conquêtes sociales du Conseil national de la Résistance, fidèles aux avancées poussées par la gauche toute entière dans son histoire, et au-delà de notre vote de rejet, nous continuerons à le dénoncer et à le combattre jusqu’à son vote ultime. Nous osons en effet croire que, d’ici là, dans un sursaut salvateur, les députés élus par le peuple de gauche prendront la décision qui s’impose : le rejet pur et simple de ce projet de loi en rupture avec le progrès social !

 

RetraiteAN

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S
Vote bloqué ou pas,il est certain que les socialistes font selon leur bon plaisir,ils sont majoritaires à l'assemblée,de toute façon!<br /> Pour ce qui est du débat,ils causent à droite pour la droite.
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