Rio + 20, un nouveau sommet sans engagement
Vingt ans après la conférence des Nations Unies de Rio en 1992, le nouveau sommet de la Terre, baptisé « Rio + 20 », était programmé comme un moyen de relancer des négociations internationales sur les grands objectifs du développement durable. Après de longs mois de négociations sur des documents de travail, les chefs d’Etat et de gouvernement ont été conviés comme à l’habitude, après de vibrants discours, à contresigner un document quasiment vide d’engagements internationaux pour faire face aux grands enjeux humains et environnementaux planétaires.
Au lendemain de ce sommet, le plus inquiétant réside sans aucun doute dans l’incapacité à parvenir à des avancées concrètes sur les deux thématiques qui étaient pourtant au centre des négociations, « l’économie verte » et la « réforme de la gouvernance environnementale ».
En revanche, ce sommet apporte une confirmation. Chaque fin de page de la déclaration finale revient sur la nécessité d’approfondir les politiques de libre-échange et l’ouverture de tous les secteurs des biens et des services au secteur privé. Cette foi aveugle dans le marché ne semble pas émouvoir outre mesure les rédacteurs et les signataires d’un texte, qui prônent avec le même enthousiasme, quelques lignes plus haut, des valeurs fondamentales comme le respect de la volonté des peuples et des communautés autochtones de disposer de leurs ressources, le développement d’une agriculture durable, le renforcement des pratiques démocratiques…
Une curieuse déconnexion s’opère ainsi entre les ambitions d’un bien vivre, souhaité pour l’humanité toute entière, et les politiques partout mises en place, qui s’y opposent. Il n’est d’ailleurs pas besoin de se projeter bien loin pour prendre quelques exemples concrets : avec la libéralisation des échanges commerciaux, nos agriculteurs doivent faire face aux dumpings sociaux et environnementaux de pays tiers ; les politiques libérales imposées à tous les peuples européens ne cessent de vouloir démanteler tous les services publics qui concourent à améliorer la vie quotidienne, notamment en milieu rural ; la libéralisation du secteur de l’énergie prive de plus en plus de familles des moyens de se chauffer convenablement…
« L’avenir que nous voulons ». C’est bien de cela dont il aurait dû être question, avec des droits nouveaux, des objectifs concrets, des mesures réglementaires ambitieuses. Au lieu de cela, le constat est accablant : les conclusions des négociations internationales glissent toujours davantage vers des déclarations sans contraintes ni engagements fermes des Etats ; elles donnent toujours plus d’importance aux recours au secteur privé et à divers mécanismes financiers dits « innovants » (crédits carbone ou compensation financière de la perte de biodiversité par exemple). Pour reprendre les propos d’un ancien Président de la République, alors que « la maison brûle », ce sommet de Rio + 20 nous a une nouvelle fois donné le sentiment que nous continuons dans la même direction, avec le même système, avec une communauté internationale divisée, et prête à toutes les contradictions. Jusqu’à Rio + 40 ?
Chronique publiée dans le journal La Terre.