TVA sociale… « TVA anti-rurale » !
La même semaine que le Président de la République faisait officiellement son entrée en campagne, pour selon ses mots, « s’adresser directement au peuple », il imposait à l’Assemblée nationale une hausse de la TVA de 1,6 point. Ce premier message de campagne ne sera pas indolore, en particulier pour les plus modestes. Car cette taxe nouvelle, enrobée sous le joli nom de « TVA sociale », est en réalité une arnaque de grande ampleur visant à faire financer la protection sociale non plus par les entreprises, mais par les consommateurs. C’est surtout un nouveau coup de massue pour tous les foyers aux faibles revenus, si nombreux dans notre milieu rural.
Je pense plus particulièrement à tous ceux qui effectuent des trajets importants pour se rendre sur leur lieu de travai : ces 1,6 point de TVA supplémentaires viendront s’ajouter à la hausse scandaleuse des prix du carburant. Et ils sont de plus en plus nombreux à vivre cet exode quotidien vers la ville voisine, voire une grande agglomération. Pour eux, c’est l’avalanche des peines : pas de travail à proximité de son lieu de vie et des déplacements toujours plus chers, des salaires qui ne bougent pas et l’obligation de se loger moins cher. Quant aux transports collectifs, ils sont quasiment inexistants ou non adaptés.
La perversité de cette « TVA anti-sociale » va même encore plus loin à l’encontre des femmes et des hommes qui font vivre nos campagnes. Ainsi, la multinationale Total, qui vient de réaliser 13 milliards de profits en 2011, profitera des nouvelles exonérations de cotisations patronales… désormais payées en partie par les travailleurs ruraux contraints de lui acheter sa production au prix fort. Quelle indécence !
De la même façon, cette hausse touchera de plein fouet le pouvoir d’achat, notamment celui des retraités, déjà bien maigrelet, en imposant une nouvelle hausse des dépenses indispensables, comme les charges de chauffage.
Il est vrai que ce Gouvernement n’en est pas à son coup d’essai contre le monde rural. Il a déjà relevé de 5,5 % à 7 % le taux de TVA en novembre dernier, lors du second plan d’austérité, sur des produits comme le bois, les déchets de bois destinés au chauffage, certains produits destinés à l’alimentation animale, les transports de voyageurs et les services à domicile. Voilà une liste de produits qui, nous le savons tous, concernent beaucoup de familles rurales ou d’agriculteurs.
Certes, le pouvoir en place n’est pas avare de belles paroles pour expliquer « au peuple » que cette TVA permettra de créer de l’emploi en allégeant le « coût du travail ». Il ment effrontément : cette mesure ne vise qu’à faire de nouveaux cadeaux aux actionnaires et aux dirigeants des grands groupes. Au contraire, elle va pénaliser une nouvelle fois une consommation déjà en berne faute de salaires suffisants, en impactant directement l’activité des petites entreprises et d’un artisanat à bout de souffle.
Nous avons une certitude : jamais un gouvernement n’aura autant fait de mal aux plus fragiles… et au monde rural. La France compte désormais 8,2 millions de pauvres en 2011, triste record. Ils sont des millions à vivre aujourd’hui en milieu rural. Nos territoires ont besoin de justice et de considération, pas d’une « TVA anti-rurale » !
Chronique publiée dans le Journal La Terre du 22 au 27 février 2012.