Un débat de fond pour élargir le Front

Publié le par André Chassaigne

 

Nous constatons jour après jour la fuite en avant des dirigeants européens face à la crise de la dette publique en Europe. En fait, l’objectif n’est pas nouveau : conforter un euro « fort », avec une BCE au service de la domination des marchés financiers. Cela ne fait qu’accentuer le plongeon économique de l’Union Européenne et le malheur social des Européens. Ainsi, malgré l’ébranlement des dogmes libéraux, les gouvernements continuent à répondre sans dévier aux exigences des capitaux financiers. Une fois encore, ils choisissent de faire payer l’addition aux peuples en imposant de nouveaux reculs aux services publics et à la protection sociale. Terrible constat ! Et que de souffrances et angoisses constatées au quotidien !

 

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que les luttes sociales qui ont animé notre pays durant tout l’automne, comme celles qui se multiplient en Europe et dans le monde, dépassent largement le seul cadre de la contestation contre les reculs sociaux imposés par les différents gouvernements libéraux ou sociaux-démocrates. Le mouvement social se construit désormais avec des exigences qui vont au-delà des revendications légitimes sur le droit à la retraite, à un travail et à un salaire décent, à une protection sociale à la hauteur de ses besoins… Sous des formes multiples, ces luttes interrogent aujourd’hui les fondements même du système économique, ses objectifs et plus globalement sa pertinence au regard de l’avenir de l’humanité. En cela, elles expriment le besoin de construire une autre société, de tracer des voies vers une autre vie. Pour cela, elles associent de plus en plus clairement aux revendications sociales immédiates l’exigence des moyens financiers et des pouvoirs nécessaires à la visée d’une autre civilisation.

 

Parmi les slogans qui agitaient les cortèges en France, qui n’a pas entendu ces mots : « de cette société-là, on n’en veut pas ! » Que voulons-nous donc ? Que voulons-nous, sinon que la gauche change pour construire cette autre société que nous sommes de plus en plus à désirer ? Voilà la question que se pose le Front de Gauche et qu’il traduit avec sa volonté d’élaborer un programme populaire et partagé pour 2012. Voilà surtout la question centrale que nous devons mettre en débat auprès de toutes les Françaises et de tous les Français.

 

Quelles sont les exigences fondamentales des travailleurs pour le XXIème siècle et qui doivent se concrétiser dès demain ? Quelles activités et modes de production promouvoir ? Quels nouveaux pouvoirs garantir à ceux qui vivent au quotidien les conséquences du culte de l’argent-roi ? Sur tous ces sujets, et sur bien d’autres, n’ayons pas peur de mettre, dans les mois à venir, partout où cela est possible, nos concitoyens en situation de faire part de leur constat, en situation de débattre et d’expérimenter des propositions en relation avec leurs attentes. Nous verrons sans doute si une approche économique ne consistant qu’à s’attaquer aux effets les plus négatifs du capitalisme mondialisé ou qu’à se limiter à un renforcement du rôle de régulation de l’Etat leur paraît à la hauteur des enjeux de ce siècle.

 

Ce débat, il doit porter bien évidemment sur les contenus et l’ampleur que nous voulons donner à la transformation sociale.

 

Les communistes sauront faire part des propositions essentielles qu’ils ont à cœur de partager pour la transformation sociale, du niveau local jusqu’au niveau mondial : l’avancée vers un système de sécurité d’emploi ou de formation pour chacun-e, la mise en place d’une politique du crédit articulant Fonds publics régionaux et pôle financier public national à une réorientation de la BCE ; un essor sans précédent des services publics ; l’introduction, à l’appui des luttes populaires, de nouveaux critères de gestion des entreprises avec de nouveaux pouvoirs pour les salariés ; une nouvelle politique de coopération pour le co-développement à l’échelle internationale.

 

Je pense, à ce propos, à la question déterminante des perspectives industrielles que nous comptons donner à notre pays. L’économie française a détruit près de 2 millions d’emplois industriels depuis 1980. Cette situation, entretenue par la libéralisation du commerce international et la course à la rentabilité financière, disloque progressivement l’essentiel des capacités d’innovation, délocalise les entreprises, gâche les savoir-faire, répand la gangrène boursière contre l’emploi, le travail et la démocratie. Sur de telles bases, l’essor des activités de service ne peut se faire qu’au rabais. Face à ce non-sens économique, social et environnemental, nous devons, là-aussi, faire confiance aux Françaises et aux Français pour savoir s’ils préfèrent se laisser étourdir par les chants des sirènes de la finance, ou s’ils veulent se saisir d’une nouvelle ambition industrielle et de services porteuse de progrès social et écologique.

 

Nous le voyons, pour porter pied à pied, et matérialiser cette autre vie, pour lui donner une réalité concrète notamment en appui des luttes des salariés, c’est maintenant que nous avons la responsabilité de développer, voire d’ouvrir, sans exclusive, un débat de fond dans tout le pays.

 

 


 

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B
<br /> Je salue la qualité de ton article, qui fait le tour des questions fondamentales qui sont posées à notre peuple et qui interpellent les communistes.<br /> <br /> au nombre des questions que tu avances sur les activités et modes de production à promouvoir, je suggère et souhaite que nous adaptions les usines de production automobiles en convertissant la<br /> production de certaine d'entre elles pour fabriquer des équipements et des véhicules ferroviaires, en ayant une programmation de construction de lignes ferroviaires de transport de marchandises et<br /> de voyageurs irrigant le territoire, ceci contribuerait à lutter contre la pollution, les accidents, et la destruction de l'environnement et nous rendrait moins dépendant du pétrole.Ce type de<br /> programme est tecniquement réalisable, quand j'étais enfant des trains départementaux reliaient toutes les villes entre elles et desservaient les zones industrielles, ce qui était possible à cette<br /> époque l'est d'autant plus aujourd'hui<br /> <br /> Il serait aussi indispensable de doter la recherche des moyens permettant de mettre au point des énergies non polluantes telles que l'hydrogène, le solaire, la géothermie, je ne crois pas aux<br /> éoliennes que je considère comme une arnaque qui nécessite des milliers de tonnes de béton dont la fabrication est très polluante, et sert surtout les intérêts de quelques lobbys, pour peu de<br /> production.<br /> <br /> <br /> Je suis persuadé d'autre part que pour réussir un programme utile à la population, il faudra réintégrer dans l'économie publique toutes les entreprises privatisées au fil des ans par la droite et<br /> la gauche caviar et y intégrer TOUTES les entreprises du CAC 40, qui réalisent des profits permettant de financer le développement de la santé, l'éducation, la culture, le social en général, en<br /> place d'engraisser des actionnaires antropophages de l'économie productive de bien être.<br /> <br /> Ces objectifs n'ont de chance d'être atteints, qu'à la condition que les travailleurs aient le contrôle et le pouvoir de décision dans ces entreprises, débarrassées des actionnaires<br /> capitalistes.<br /> <br /> D'autres conditions sont impératives : abroger les articles 104 et 107 du traîté de Mastricht, conférant au CA de la BCE les pouvoirs de décision économiques, y compris contre l'avis des états et<br /> des gouvernements et transférer ce pouvoir aux politiques et aux citoyens avec les syndicats et associations populaires, en interdisant tout placement financier spéculatif<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Bonjour , au pays de Rimbaud, on trouve que les propositions du PCF en matière économique sont plus syndicales que politiques : ne faut-il être un peu naif pour penser qu'un simple "pôle public<br /> bancaire" au milieu de l'océan des marchés financiers va changer la nature spéculative du capitalisme mondialisé ??? hier, Sarkozy et Merkel ont décidé de casser définitivement la souveraineté des<br /> états européenns au nom de la défense de l'euro : comment "réorienter" une Union européenne alors que les pilotes tiennent le volant au service exclusif du capital et des bourses ( qui servent<br /> désormais à dépouiller les entreprises par dividendes interposés : c'est le monde à l'envers!!)??? un fonds social européen ....cela fait sourire tant la proposition est en deçà des réalités et des<br /> aspirations pôpulaires !! la question de la sortie de l'euro est désormais posée dans tous les pays : pourquoi le Pcf essaie-t-il de l'éluder ??? la question des nationalisations du secteur<br /> bancaire est aussi en marche ...dans certains pays ( Japon, Islande, Irlande ...): pourquoi on n'oserait pas en parler en France alors que de nombreux citoyens n'attendent que ce débat pour<br /> s'engager !! par rapport à ces questionnements de fonds , les primaires au sein même du PCF et du Front de Gauche sont bien affligeantes et démobilisent les militants ! Cordialement ; jcvb<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Les contribuables suisses vont-ils devoir casquer pour la monnaie ratée qu’est l’euro ?<br /> par Lukas Reimann, conseiller national, St-Gall<br /> <br /> Au cours des derniers mois, la Banque nationale suisse (BNS) a acheté des euros pour des milliards de francs dans l’espoir de stabiliser artificiellement le cours de l’euro face au franc. Mais sans<br /> succès, l’euro continue sa chute. Le résultat en est un immense trou dans la caisse de la BNS. Apparemment, on a acheté des emprunts d’États de l’UE qui présentent un risque monétaire accru. On<br /> peut craindre à moyen terme une dévaluation, ce qui mettrait en danger le niveau de vie et la stabilité. En outre, la masse monétaire a plus que doublé du fait de cette politique monétaire<br /> hyperexpansive. Ce gonflement est presque aussi importante que celui de la Banque centrale européenne et du FED, ce qui ne manque pas d’être inquiétant, tout autant d’ailleurs que les milliards<br /> détruits par les ventes d’or de ces dernières années.<br /> Mais ce n’est pas tout. Il faudrait encore que la Suisse se montre disposée à verser 30 milliards de francs au Fonds monétaire international (FMI) pour participer aux mesures de sauvetage. Le<br /> Conseil aux États a déjà donné son feu vert, avec seulement quelques voix d’opposition. Le FMI exige d’une part que la Suisse verse un crédit transitoire de 12,5 milliards permettant d’intervenir<br /> rapidement lors de menaces de faillite d’un pays. En ce qui concerne les «nouvelles conventions de crédit», la Suisse devrait mettre à disposition 18 milliards de francs. Ce sont en tout plus de 30<br /> milliards, une somme énorme. Et nous payons plus qu’assez en comparaison avec les pays concernés de l’UE notamment l’Allemagne et l’Autriche. A noter que d’autres pays aux économies fortes ne<br /> paient rien.<br /> Il n’est pas exclu que la crise se propage à d’autres pays. Si cela devait être le cas pour des pays à économie moyenne, le capital du FMI, qui vient d’être augmenté, ne suffirait pas. Il se<br /> pourrait alors que la Suisse doive faire face à de nouveaux engagements beaucoup plus importants. On ne peut pas exiger ces milliards de l’économie suisse – et en particulier des contribuables –<br /> pour corriger les erreurs d’autres pays en matière de politique financière. Le projet actuel ne prévoit pas de plafond pour l’avenir et de surcroît, il n’est pas soumis au référendum facultatif –<br /> et pour cause, le peuple suisse n’étant pas disposé à l’accepter. Les citoyens n’ont qu’à payer et se taire.<br /> Les risques ne cessent d’augmenter. La Suisse se trouve entraînée dans le tourbillon de la finance internationale. Il s’agit de dépenser des milliards de francs de nos impôts pour une monnaie qui a<br /> échoué. Certes, nous avons un intérêt majeur à ce que l’Europe soit stable. Toutefois, ce n’est pas ainsi qu’on obtiendra un résultat durable, bien au contraire. Les mesures de sauvetage prises<br /> jusqu’à présent n’ont rien donné, du fait qu’elles n’ont pas modifié le système malade. Ce qu’il faut, c’est une réforme en profondeur, qui prenne le mal à la racine, au lieu d’accumuler de<br /> nouvelles dettes. Comment payer des dettes publiques lorsque les intérêts à verser sont plus élevés que le taux de croissance. Le FMI n’a pas de propositions concrètes pour parer à l’endettement<br /> des pays.<br /> La Suisse devrait limiter le plus possible les conséquences pour nos réserves en devises, nos caisses de pension, nos banques, etc. d’une éventuelle disparition de l’euro ou d’une réorganisation de<br /> ce dernier et du système financier.<br /> On doit particulièrement se poser la question de savoir si on obtiendra vraiment une stabilité en créant de nouvelles bulles suite à de tels payements. Les conséquences en seraient-elles pas encore<br /> plus graves en cas d’éclatement ? Ne vaudrait-il pas mieux entreprendre une réforme fondamentale, en reconnaissant que les disparités macroéconomiques au sein de l’Europe ne peuvent être éliminées<br /> par la mise en place de cette monnaie ratée qu’est l’euro et que celui-ci, tel qu’il se présente aujourd’hui, n’est pas viable, n’apporte rien à la stabilité et à la sécurité en Europe et en Suisse<br /> ? Les États de la zone euro sont trop différents les uns des autres pour une monnaie commune. Cette idéologie de l’euro, profondément ancrée dans l’esprit des politiciens de l’UE qui ne veulent pas<br /> admettre qu’ils se sont trompés, sonnera le glas de l’Europe. Ce n’est pas à nous de casquer.<br /> Le fait que ces milliards permettent de financer des spéculations massives de banques étrangères est choquant. On rembourse des prêts que les banques ont octroyés à des États pratiquement en<br /> faillite à des taux très élevés. On ne prévoit pas de faire payer les créanciers.<br /> Les partisans de ce projet doivent rendre des comptes aux citoyens, en expliquant pourquoi des États aux économies florissantes doivent refinancer des pays qui se sont endettés inconsidérément.<br /> Quelle peut être, dans cette crise, la responsabilité de la Suisse qui n’est ni membre de l’UE ni de la zone euro ? En quoi les contribuables suisses devraient-ils être impliqués dans les<br /> spéculations des banques étrangères ? En rien !<br /> On nous reproche, à nous opposants, d’oublier que la Suisse à intérêt à ce que l’Europe soit stable. Bien au contraire. Car le système actuel d’irresponsabilité organisée affaiblit l’Europe. On<br /> récompense le gaspillage, faisant boire la coupe jusqu’à la lie ! La force de l’Europe est due à la compétition entre ses États. L’union de transfert conduit à un nivellement par le bas. Les États<br /> performants soutiennent les faibles jusqu’à ce qu’eux-mêmes disparaissent. L’Europe se renforcera quand il sera de nouveau possible de réévaluer ou de dévaluer les monnaies. •<br /> <br /> Article paru initialement dans le St. Galler Tagblatt du 23/12/10<br /> (Traduction Horizons et débats)<br /> <br /> <br />
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