Une PAC anti-austérité pour bouger l'Europe
Avec l’élection de François Hollande, l’essentiel du débat sur la question européenne s’est cristallisé sur la promotion d’une « nouvelle croissance », avec en ligne de mire la renégociation des traités Sarkozy-Merkel. Si l’on refuse clairement l’austérité pour l’Europe, alors il faut également refuser l’austérité pour l’agriculture et le monde rural en Europe. Cela tombe bien. Nous sommes en plein débat sur la Politique Agricole Commune. Et il se trouve que la Commission Européenne vient de rendre son projet pour la période 2014-2020 fin avril.
Que ressort-il donc de ces propositions pour l’avenir immédiat, la survie des éleveurs allaitants du Massif-Central ou des éleveurs laitiers de montagne ? Quasiment rien. Quelles perspectives sont dessinées pour les producteurs de fruits et légumes du Sud de la France face au dumping social et environnemental des pays tiers, et à la boulimie financière des distributeurs ? Si peu. Entrevoit-on des outils nouveaux pour garantir d’abord des prix rémunérateurs pour les producteurs européens ? Visiblement non. La future PAC prend-elle en compte le développement de l’emploi agricole comme une priorité, alors que l’Europe a perdu 25 % de ses exploitations agricoles en 10 ans, sans épargner le grand pays agricole qu’est la France ? Manifestement non.
Tout reste donc à faire pour que le Parlement européen et le Conseil donnent dans quelques mois autre chose à voir que le maintien à l’étiage du budget de la PAC, et un cortège de mesurettes sans effet sur la dérégulation du secteur. Notre tâche est donc bien de faire bouger toute l’Europe sur cette politique essentielle pour 500 millions d’Européens demain.
Comment commencer notre travail ?
En expliquant que les parlementaires du Front de Gauche mettront en avant des propositions essentielles pour l’avenir de l’agriculture européenne. Ils défendront un droit à l’alimentation de qualité pour tous les citoyens européens et dans le même temps un droit au revenu pour tous les agriculteurs et notament pour les petites et moyennes structures. Ils affirmeront le besoin de soutiens publics tournés vers le développement de l’emploi agricole et agroalimentaire et la réorientation des pratiques agricoles pour favoriser une grande autonomie des exploitations. Ils agirons pour lancer de vrais programmes à l’échelle communautaire pour se libérer de la dépendance protéique et des importations abusives.
Les futurs députés du Front de Gauche ne se tromperont pas de cible. L’ennemi de l’agriculture européenne, c’est aussi la finance. Cette finance qui vient de causer tant de dégâts aux agriculteurs. Celle qui préfère assurer des rentes à des acteurs internationaux, plutôt que donner à manger au plus grand nombre en rémunérant correctement les femmes et les hommes qui font vivre nos campagnes. Une majorité de gauche en France devra porter très fort l’ambition d’une PAC renouvelée, qui ose se défaire des chaînes de la pensée libérale. C’est cette politique agricole et alimentaire d’une toute autre dimension qu’il nous faut défendre avec détermination dans les semaines à venir, pour faire bouger les lignes à gauche. Pour faire avancer toute l’Europe dans la bonne direction.
Chronique publiée dans le journal La Terre.