Voeux pour 2010
Les vœux ne sont pas faits pour exprimer la colère. Il est même de bon ton de les habiller d’espoir… Mais comment passer sous silence la réalité d’un vécu quotidien qui ne nous lâche pas ?
La réalité de ceux qui recherchent un emploi, comme celle de ceux qui, en nombre croissant, perdent le leur et vivent dans l’angoisse du lendemain. La réalité de ces petites entreprises bloquées dans leur développement parce que l’argent nécessaire part à la spéculation financière plutôt qu’à la création d’activité. La réalité des agriculteurs qui travaillent d’arrache-pied, mais à perte, alors que les profits de la grande distribution sont en hausse constante. La réalité de tous ceux, quel que soit leur âge, qui ont tant de mal à boucler les fins de mois. Et la réalité de tant d’autres que les quelques lignes de ces vœux ne peuvent énumérer…
La réalité, c’est aussi l’échec du Sommet de Copenhague, que j’ai vécu en direct dans la délégation française : aucune mesure concrète n’a été prise pour arrêter la catastrophe du réchauffement de la planète et ses conséquences terribles pour le devenir de l’humanité. C’est « le suicide collectif » dont parlait Albert Camus.
Mais l’année 2010 ne saurait commencer sans ces notes d’espoir que nous dicte l’optimisme du cœur et de la volonté, et qui donnent justement un sens à notre quotidien.
Espoir quand est reconnu, en période de crise, le rôle « d’amortisseur » que sont les conquêtes sociales et les services publics de notre pays.
Espoir quand la majorité des Français rejettent les faux débats comme celui de l’identité nationale et font savoir que les problèmes à prendre à bras le corps sont ceux de l’emploi et de l’environnement.
Espoir quand grandit la conscience que la société de l’argent et des privilèges ne peut, par sa nature même, satisfaire durablement les droits humains que sont, parmi tant d’autres, le travail, la santé, l’éducation, le logement et l’exigence de vivre dans un environnement préservé.
J’émets le vœu que chacun puisse, au-delà de ses peines et de ses souffrances, donner raison au poète chilien Pablo Neruda quand il écrivait : « Le printemps est inexorable ».