La parti pris réac d'un pouvoir à bout de souffle
Trois semaines se sont écoulées entre la nomination de Gabriel Attal et son discours de politique générale. L’usage veut pourtant que le Premier ministre le prononce dès son entrée en fonction pour exposer devant les députés son programme de gouvernement. Le commissaire politique du Président
Emmanuel Macron a ainsi rompu, d’entrée de jeu, avec les usages.
Trois semaines donc, pour qu’enfin le nouveau Premier ministre daigne s’exprimer devant la représentation nationale. Tel son mentor, il a vanté leur fameux projet… Après avoir vanté le bilan « concret, solide, tangible » de ses prédécesseurs, il a présenté la suite des « réjouissances » : une accélération dans le sabotage méthodique des valeurs qui ont fait la grandeur de notre pays et de notre République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Il a ajouté sa marque de fabrique : autoritarisme et mise au pas. Sur leur projet néo-libéral, il a déposé une épaisse couche de vernis réactionnaire.
Alors que le logement, l’emploi, la santé, l’école sont parmi les premières préoccupations des Français, dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre leur a promis le pire : la poursuite de la réduction des droits des demandeurs d’emploi, la suppression de l’ASS, la remise en cause de la loi SRU, l’absence de revalorisation des salaires des enseignants ou des conditions de travail des soignants, l’aggravation de la ségrégation sociale à l’école.
Rien en revanche sur ce qui occupe l’esprit de nos concitoyens : aucune annonce sérieuse sur le changement climatique, le sort de nos agriculteurs et nos pêcheurs, notre souveraineté alimentaire. Pas un mot sur les
factures d’énergie qui explosent, les franchises médicales qui vont augmenter, la situation internationale ou celle des territoires dits d’Outre-mer dans lesquels nos concitoyens connaissent des difficultés aggravées.
Rien non plus qui aurait pu permettre aux Françaises et au Français de renouer avec la démocratie et leurs institutions, puisque le Premier ministre n’a pas souhaité soumettre son gouvernement à un vote de confiance. Un choix qui augure d’une pratique du pouvoir toujours plus anti-démocratique. Pour l’y contraindre et lui rappeler que les Français ont voulu une Assemblée nationale dans laquelle la majorité n’est que relative, nous avons déposé, avec les trois autres groupes de gauche, une motion de censure. Ainsi, nous usons et continuerons d’user de notre pouvoir pour nous opposer tant à ce projet néolibéral délétère qu’aux contournements des usages parlementaires qui fragilisent encore davantage notre démocratie à bout de souffle.