Quatre enterrements et une victoire

Publié le par André Chassaigne

 Comme nous l’avions indiqué dans notre précédent numéro, une journée de l’ordre du jour de notre Assemblée nous était réservée ce mois-ci. La seule et unique de la session, ce qui est bien trop peu et nous oblige à faire des choix difficiles parmi l’ensemble des propositions de loi que nous déposons chaque année et qui sont toutes, à nos yeux, fondamentales.

 Nos propositions de lois emblématiques, qui vont à total rebours de la politique du Gouvernement, n’ont que peu d’espoir d’aboutir et d’être adoptées et c’est pourquoi, cette année, nous avions fait le choix de présenter des textes qui auraient dû prospérer car « adoptables » même par la majorité.

 C’était sans compter sur son imagination à trouver les prétextes les plus extravagants pour justifier l’enterrement de quatre de nos cinq textes, manifestation de ce qu’il faut malheureusement appeler une absence d’empathie à l’endroit de ceux qui souffrent.

 Je n’ose revenir sur les arguments justifiant le rejet de notre proposition de « déconjugaliser » l’allocation adultes handicapés tant ils sont indécents. A tel point, que le Gouvernement n’a pu trouver une majorité pour le soutenir au sein de ses propres rangs, ce qui l’a conduit à utiliser un artifice parlementaire pour empêcher le vote. Une méthode qui prouve, une fois encore, son mépris des représentants du peuple, et sur cette question une forme de cynisme envers les personnes en situation de handicap.

 Même constat pour notre texte qui visait à la prise en charge et à la réparation des conséquences des essais nucléaires français. Le débat parlementaire a été confisqué, au prétexte de l’organisation d’une table ronde, sans la moindre considération pour toutes les victimes et leurs familles.

 Pour ce qui concerne le refus de la majorité d’étendre les plans de prévention des risques technologiques aux infrastructures de stationnement et de stockage temporaire de matières dangereuses, ce sont des prétextes juridiques fallacieux qui sont venus justifier une indifférence à la sécurité des habitants concernés ou à la dévaluation de leurs biens.

 Concernant enfin notre proposition avançant des mesures d’urgence pour les intermittents de l’emploi, même sentence : rejet de notre texte alors même que bon nombre de députés de la majorité prétendaient il y a quelques mois, en plein cœur de la crise sanitaire, se soucier de leur sort. Faisant fi de la grande détresse de ces hommes et femmes qui sont privés d’un régime protecteur pérenne, ils ont préféré leur tourner le dos.

 Une victoire cependant après ces quatre enterrements : l’adoption unanime de notre texte pour « assurer la revalorisation des pensions des retraites agricoles les plus faibles » qui concerne plus particulièrement les conjointes d’agriculteurs, grandes oubliées de la protection sociale. Certes, sa portée initiale a été amoindrie par le gouvernement, mais cette avancée est pour nous une première étape positive vers l’objectif d’aligner la retraite des aides familiaux et conjoints collaborateurs sur celle des chefs d’exploitation, portée à 85 % du SMIC à la suite de la proposition de loi adoptée en juillet 2020 à notre initiative.

 A votre service, et malgré l’acharnement du Gouvernement et de sa majorité parlementaire à entraver nos propositions d’avancées sociales, nous continuons et continuerons à mener le combat pour la justice sociale.

Télécharger la lettre de juin 2021 des député-e-s communistes et du groupe GDR.

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