Intervention en ouverture des journées parlementaires de nos groupes GDR à l'Assemblée nationale et CRCE au Sénat
C’est en portant une fierté collective que j’ai l’honneur d’ouvrir ces premières journées parlementaires de cette nouvelle législature.
Avec un groupe à l’Assemblée qui est passé de 16 à 22 députés. Je me dois de vous présenter nos petits nouveaux :
Ø Soumya Bourouaha, qui succède à Marie-George. Elle est déjà très active au sein de notre groupe et nous représente au bureau de l’Assemblée nationale.
Ø Jean-Marc Tellier, qui malheureusement ne peut être parmi nous car très mobilisé sur le recours électoral du RN.
Ø Nicolas Sansu, un faux nouveau et qui donne l’impression de n’avoir jamais quitté les bancs de l’Assemblée.
Ø Yannick Monnet, qui démarre son mandat en nous accueillant sur ses terres. Je tiens à le remercier, ainsi que son équipe, pour avoir réussi à nous concocter un si beau programme en si peu de temps. Je salue mon complice Jean-Paul Dufrègne qui a su si bien passer le relais.
Notre équipe de députés communistes ne s’est que modestement renouvelée et perdant, hélas, Alain Bruneel pour lequel j’ai une pensée. Mais, il faut bien reconnaître que nos collègues d’Outre-mer sont porteurs d’un sang neuf qui nous a revigorés.
Avec 10 députés d’outre-mer, nous ne comptons que deux anciens. Karine Lebon, qui est parmi nous, et que vous connaissez désormais tous, ainsi que Moetaï Brotherson, Président de la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale. Président pour notre plus grande fierté, et qui, nous n’en doutons pas, va dynamiser avec son sens du collectif de grandes choses pour les Outre-mer, Moetaï vous prie de l’excuser de son absence. Tout comme ses deux collègues polynésiens, Steve Chailloux, et le benjamin de notre Assemblée Temataï Le Gayic.
Nous excusons également Davy Rimane, député de Guyane retenu sur sa circonscription.
Nous avons parmi nous et j’ai le plaisir de vous les présenter : Jean-Victor Castor, député de Guyane, Emeline Ker Bidi et Frédéric Maillot, députés de La Réunion, Marcellin Nadeau et Jiovanny William, députés de la Martinique.
A l’heure où les royaumes du Commonwealth enterrent leur reine, je crois que nous pouvons le dire sans prétention : dans la République GDR, également, le soleil ne se couche jamais.
Nous entamons un quinquennat dans une configuration politique inédite, avec une majorité toute relative pour le Gouvernement, et trois blocs d’opposition :
1) Un groupe RN pléthorique. Je ne vais pas ici développer les raisons de cette arrivée massive de députés d’extrême-droite que les analystes et commentateurs politiques n’avaient pas anticipée et qui pourtant était prévisible. Nos échanges de ce matin vont nous permettre d’y revenir.
2) Un autre bloc, numériquement plus important, de la gauche réunie sous la bannière NUPES, et qui compte 4 groupes.
3) Une droite perpétuellement tiraillée par les balbutiements de la recomposition politique.
Notre premier débat, sera consacré à notre parlement dans la nouvelle configuration politique. Il va nous permettre de l’analyser et d’avancer des pistes pour en tirer les plus grands bénéfices pour nos concitoyennes et concitoyens.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que la majorité relative est une catastrophe et qu’il faudrait trembler à chaque instant parce que la dissolution menacerait chacune et chacun d’entre nous.
Au contraire, je crois qu’il nous faut prendre cette majorité relative comme une opportunité à saisir, parce que, dans cette nouvelle configuration, nous pouvons peser pour réorienter les choix du Gouvernement, pour être utiles à toutes celles et ceux qui sont les oubliés de la politique de Macron. Utiles à ceux qui n’ont jamais connu l’abondance…
Les premiers textes examinés par notre Assemblée ont prouvé que nous pouvions faire plier la majorité.
Quel changement par rapport à la législature précédente où nous avions le sentiment de nous retrouver, trop souvent, dans la peau de Don Quichotte !
Pour tirer tous les bénéfices de cette nouvelle configuration, pour être efficace, il nous faudra être ingénieux, avec notamment un renforcement des liens entre nos deux groupes parlementaires. Le Sénat, et en son sein le groupe CRCE, aura un rôle à jouer déterminant. Je ne doute pas qu’Eliane Assassi nous donnera ce matin quelques clefs pour bien comprendre ce rôle majeur, qu’il ne nous faudra surtout pas sous-estimer dans nos combats à venir.
C’est un défi, je le reconnais, mais nous saurons nous montrer à la hauteur. Comme le formulait si bien Antoine de Saint-Exupéry dans Vol de nuit : « Voyez-vous dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer, et les solutions les suivent ».
Nous saurons nous opposer, sans concession, comme nous l’avons toujours fait, mais nous saurons aussi saisir la moindre des occasions pour arracher des améliorations pour le quotidien des plus fragiles de nos concitoyens. Notre expérience, notre connaissance du droit parlementaire, il faudra les exploiter à plein car nous avons, dans ces nouveaux équilibres, une obligation de résultat.
Cependant, nous allons devoir affronter deux situations inédites pour nous et il nous reviendra collectivement de trouver le meilleur chemin pour y parvenir.
Le premier est de trouver notre place au sein de la Nupes à l’Assemblée. Je ne suis pas certain que nous y soyons encore parvenus. Peut-être sommes-nous trop impressionnés par la domination numérique de la France Insoumise qui cherche à nous imposer son tempo ? Reconnaissons que certaines pratiques nous troublent, nous qui avons pour habitude de peaufiner nos textes, de les travailler avec nos partenaires, d’auditionner les acteurs concernés car nous ne supportons ni les approximations ni les effets d’annonce aussi fantaisistes que sans lendemain.
Il est culturellement difficile pour certains d’entre nous de répondre dans l’urgence à des propositions, parfois fragiles sur le plan juridique, simplement parce qu’elles correspondent à quelques émotions volatiles ou aux tendances twitter du moment et que « nous devons en être ».
Alors, peut-être devrons-nous accepter de ne pas toujours porter des textes tirés au cordeau pour répondre à une urgence réelle ? En quelque sorte accepter de nous déplacer quelques vertèbres sans que la colonne vertébrale n’en ressorte trop affaiblie.
Il nous faut en effet rester fidèles à ce que nous sommes : des législateurs sérieux et reconnus comme tels. Non pas parce qu’il faudrait à tout prix être respectables, mais parce que nous devons ce sérieux à nos électeurs qui attendent de nous d’être des législateurs efficaces travaillant dans le sens de leurs intérêts.
Le second défi est de ne pas se retrouver paralysés par le RN et de ne pas tomber dans le piège grossier tendu, par le RN lui-même, mais aussi par la majorité et quelques lames de fond médiatiques. Un RN qui représenterait une opposition raisonnable, constructive et respectable face à une gauche Nupes qui ne serait qu'une opposition du clash et du buzz.
Deux défis que nous allons relever, j’en suis persuadé. La première session ordinaire qui s’ouvre début octobre va nous donner l’occasion d’en faire la démonstration.
L’agenda est chargé de textes fondamentalement dangereux : la réforme de l’assurance-chômage, la réforme des retraites qui pourrait s’insérer dans le PLFSS, la réforme de Darmanin sur la sécurité, le projet de loi sur les énergies durables, sans oublier les projets de loi de finances au service de ces politiques funestes.
Quand le Président Emmanuel Macron annonce la fin de l’abondance, on comprend à la lecture de ces textes qu’il s’agit de cogner sur les classes moyennes et populaires et non de mettre à contribution ceux qui ne connaissent que l’abondance. Aussi, ne perdons jamais de vue la lutte des classes, les conflits d’intérêts, l’antagonisme profond entre les forces du travail et le capital que Jack London appelait déjà en son temps « le Talon de fer ».
Avec nos collègues du Sénat et un travail commun, nous porterons dans nos hémicycles respectifs la voix et l’honneur des travailleurs, la voix et l’honneur des privés d’emploi et de ceux qui, épuisés par une vie de labeur, se verront contraints de travailler plus pour prétendre à une retraite à peine décente.
Avec nos collègues du Sénat, nous proposerons des mesures à la hauteur des enjeux climatiques qui nous ont frappés de plein fouet en cet été brûlant.
Nous ne nous laisserons ni distraire ni abuser par toutes les ruses imaginées par Emmanuel Macron, champion du théâtre d’ombres, qui multiplie les conventions nationales ou citoyennes pour mieux contourner le Parlement.
Il ne pourra pas le contourner indéfiniment. Il devra nous affronter, affronter nos critiques et se confronter à nos propositions au risque d’être contraint de les accepter.
Le débat qui nous retiendra ce matin va nous permettre de réfléchir ensemble à notre place, à la place du Parlement dans cette nouvelle configuration politique pour pouvoir en tirer le meilleur parti, non pas pour nous, mais pour tous ceux qui nous ont accordé leur vote et donc leur confiance.
Cet après-midi nous découvrirons par le biais d’ateliers, des sites que Yannick souhaite nous faire connaître sur sa si belle circonscription, marche bourbonnaise de l’Auvergne et si fière de sa riche histoire. Un rendez-vous désormais traditionnel de nos journées d’études qui conduisent naturellement sur le terrain, des parlementaires qui se veulent de terrain.
Demain, nous nous retrouverons dans cette salle pour poursuivre nos réflexions autour du débat budgétaire de la rentrée et pour nous intéresser à l’élaboration des normes pour les outre-mer qui, concernés par tous les projets et les propositions de loi débattus, ne voient jamais leurs spécificités évoquées par ces textes, sinon au détour de décrets élaborés dans les cénacles ministériels.
Je remercie tous les parlementaires présents aujourd’hui et demain qui sont parfois venus de très loin pour prendre une part active à nos débats. Je remercie les collaboratrices et collaborateurs de nos groupes respectifs et les assistantes et assistants des parlementaires, qui vont suivre avec assiduité tous nos travaux pour en tirer le meilleur parti.
Je remercie encore une fois Yannick, son équipe qui a rendu ces journées possibles et qui a travaillé tout l’été pour nous accueillir dans les meilleures conditions.
Je n’oublie pas Sabrina qui a géré tout ça depuis Paris avec la douceur et la patience que nous lui connaissons tous. Et bien évidement Djénane, notre secrétaire générale et guide suprême du groupe GDR, toujours « au four et à Moulins », nourrissant nos têtes et soignant nos états d’âme, comme le fait aussi son collègue Marc Hainigue au sein du groupe CRCE.
Je déclare ouvertes ces journées parlementaires pour notre plus grand plaisir à tous et formule le vœu qu’elles soient le lancement d’une session combative et couronnée de succès pour le peuple que nous n’avons pas le droit de décevoir mais aussi, comme le soulignait Albert Camus dans son discours du prix Nobel, pour « empêcher que le monde ne se défasse ».