Budget 2015 : massacre à la tronçonneuse
Lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, début septembre, le Premier ministre avait répété à l’envie que son Gouvernement ne s’engageait pas sur la voie de l’austérité, tout en martelant qu’il fallait respecter coûte que coûte l’engagement européen de baisse de 50 milliards des dépenses publiques d’ici 2017. En quelque sorte, un budget qui aurait la couleur de l’austérité, le goût de l’austérité, mais ce ne serait pas de l’austérité ! Aussi, c’est un goût amer que révèle le projet de budget pour 2015 avec ses 7,7 milliards de coupes dans les dépenses publiques si utiles en temps de crise. Décidemment, le pouvoir est déterminé à nous faire boire jusqu’à la lie une politique qui tue toute perspective de redressement.
Mais sans doute l’injustice et le renoncement atteignent-ils leur comble quand on fait financer par ceux qui ne sont pas responsables de la situation toujours plus de richesses au profit des coupables. Ainsi, la potion passe encore plus mal quand on entend le Ministre des Finances se réjouir que « la France n’a jamais fait un effort de cette ampleur », que l’on « finance des priorités », tout « en réduisant la dépense publique », arguant ainsi qu’ « on n’est donc pas dans ce que l’on appelle une politique d’austérité » !
Mais de quelle France parle Michel Sapin ? De quelle France finance-t-il les priorités ? Certainement pas celle qui subit de nouveaux transferts massifs de prélèvements… chaque projet de loi de finances recelant désormais sa nouvelle taxe indirecte pour abonder un budget de l’Etat rendu exsangue par les cadeaux fiscaux aux grands groupes et aux plus riches. L’exemple type pour 2015, ce sont ces 807 millions d'euros de hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), que payent plus particulièrement ceux qui sont contraints d’utiliser leur véhicule diesel pour travailler, mais dont les transporteurs routiers sont exemptés alors que cette mesure vise à compenser les recettes manquantes de l’écotaxe. Il est clair que le Ministre des Finances ne s’adresse plus à la même France qu’en 2012, en faisant désormais payer par les ménages tous les efforts.
L’analyse mission par mission de ce projet de loi de finances pour 2015 réservera à n’en pas douter d’amers surprises pour tous ceux qui se voient retirer ces millions d’euros indispensables pour répondre aux besoins du pays et pour garantir l’accès à un service public partout sur le territoire. Ainsi, pour ne prendre que quelques exemples, les acteurs de la forêt viennent de prendre un véritable coup de hache derrière la tête, avec une dotation réduite de 20 M€ pour l’ONF et la disparition totale des 16 M€ de contribution de l’Etat au budget du Centre National de la Propriété Forestière. Et que dire des 3,7 milliards d’euros de coupes dans les dotations des collectivités territoriales ! Alors que des milliers de communes rurales sont asphyxiés, contraintes de se financer par l’emprunt, voire de vendre leur patrimoine pour boucler leurs futurs budgets, ce nouveau coup démontre l’immense fossé que creuse l’Etat avec les forces vives et la démocratie locale.
Face à ce nouveau massacre annoncé des finances publiques, il faut impérativement construire un large front du refus, avec des propositions concrètes de financement pour paver un autre chemin qu’une austérité budgétaire dévastatrice.