Gagner le retrait

Publié le par André Chassaigne

 Au 4ème mois de mobilisation contre le projet de loi néolibéral porté par le gouvernement, et juste avant la grande manifestation nationale de cet après-midi, une seule obsession doit nous guider : gagner le retrait du projet de loi El Khomri qui par son contenu, porte en germe la liquidation de piliers du modèle social français. Un modèle en actes, qui a pu s’appuyer sur un droit du travail renforcé au fil d’un siècle et demi de luttes sociales et politiques victorieuses.

 80 ans après les conquêtes du Front Populaire que sont les congés payés, la semaine de 40 heures, les conventions collectives ou les délégués du personnel, comment ne pas être indigné par un texte qui, dans son article 11, prévoit que  « lorsqu’un accord d’entreprise est conclu en vue de la préservation ou du développement de l’emploi, ses stipulations se substituent de plein droit aux clauses contraires et incompatibles du contrat de travail, y compris en matière de rémunération et de durée du travail. » ? Comment ne pas vouloir se battre quand le même article se poursuit quelques alinéas plus loin par ces termes : « Le salarié peut refuser la modification de son contrat de travail résultant de l’application de l’accord mentionné au premier alinéa du I du présent article. Ce refus doit être écrit. […] Si l’employeur engage une procédure de licenciement à l’encontre du salarié ayant refusé l’application de l’accord mentionné au même alinéa, ce licenciement repose sur une cause réelle et sérieuse et est prononcé selon les modalités de la procédure prévue aux articles L. 1233-11 à L. 1233-16 applicable au licenciement individuel pour motif économique. »

 C’est bien parce chaque salarié du pays peut aisément comprendre les conséquences de ces mots, que ¾ des Françaises et des Français n’en veulent pas. Au contraire des éléments de langage travaillés par les communicants du pouvoir et les gardiens du temple de la finance, c’est bien parce que les Français comprennent ce qu’on veut leur imposer sans les consulter, sans débat public, et sans vote, qu’ils continuent à se mobiliser sous les formes qu’ils jugent les plus appropriées, pour faire grandir le rapport de forces face aux tenants du capital.

 Face à cette conscience grandissante et remarquable, les tentatives patronales, politiques et médiatiques visant à stigmatiser et à condamner le mouvement syndical et social ne prennent pas. Le « prêt à penser » servi par certaines rédactions marque le refus du débat de fond sur les conséquences de ce texte alors que ces mêmes rédactions sont coupées toute l’année des réalités du monde du travail et du quotidien de millions de salariés. Ces dernières semaines, dans leur offensive contre la mobilisation des salarié-e-s, certaines séquences diffusées et reprises en boucle par les médias dominants tournent même à un nouveau « racisme de classe » à l’encontre de tous ceux qui n’entendent pas suivre les voix de l’orthodoxie libérale. 

 Dans ces conditions, l’urgence de la construction citoyenne, syndicale et politique, c’est de gagner dans les semaines qui viennent le retrait d’une loi inique pour le monde du travail, le retrait d’une loi qui sera une épée de Damoclès permanente dans l’entreprise, dans la vie quotidienne de chaque salarié. Tout simplement une loi de la finance contre l’humain.

 La mobilisation massive d’aujourd’hui à Paris sera, à n’en pas douter, un élément déterminant du rapport de force. A leur niveau, et à l’instar des sénateurs du groupe communiste, républicain et citoyen qui ont débuté hier l’examen du texte en séance publique, les députés du Front de Gauche continueront de relayer la voix de toutes celles et de tous ceux qui refusent ce recul de civilisation. Nous poursuivrons notre engagement à construire les voies de son rejet, tout en portant des propositions concrètes pour une véritable politique de progrès social.

 

 

 

 

 

 

Gagner le retrait
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M
Cher député Chassaigne,<br /> Il me plaît de porter à votre connaissance, le message que j'ai adressé, via son mail à l'Assemblée, à votre "collègue", Christophe Caresche, député du parti socialiste, au sujet de sa prestation indigne d'il y a 3 jours, face à vous, sur LCP. J'en ai fait un billet de blog que vous pourrez lire ici :<br /> https://blogs.mediapart.fr/martine-c/blog/240616/exit-get-out-depute-caresche<br /> Merci pour votre sang froid et votre travail.
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