Face au libéralisme En Marche, fédérons le peuple de gauche

Publié le par André Chassaigne

 Le quinquennat qui s’engage sous la présidence d’Emmanuel Macron est lourd de menaces pour les conquêtes sociales et les droits des salariés. Face à un président de la République déterminé à appliquer un programme rétrograde sous l’apparence de la nouveauté, nous devons prendre la mesure des défis qui nous attendent.

 Son programme s’inscrit dans l’exacte continuité de la politique conduite ces quinze dernières années. Il ne se fixe aucun objectif ambitieux ni en matière de croissance, ni en matière d’emploi, ni en matière d’écologie, mais il veut en revanche accentuer la remise en cause du droit du travail et des acquis sociaux.

 Derrière l’annonce de mesures justifiées par le « bon sens » et le « progrès », se cache en réalité un programme avec une cohérence idéologique. Il débutera son mandat en poursuivant par ordonnances la réforme du Code du travail. Sur la forme, le recours aux ordonnances fait écho aux usages réitérés du 49-3 lors de la précédente mandature. Emmanuel Macron privera ainsi la représentation nationale d’un débat digne de ce nom, illustrant son manque de considération pour le Parlement. Sur le fond, il promet de faciliter les licenciements, de plafonner les indemnités prud’homales, de promouvoir le travail dominical, d’institutionnaliser la précarité par l’ubérisation du marché du travail… Il veut encore réformer l’assurance chômage, en privant les salariés de tout pouvoir de décision en matière de couverture chômage, réduire également de 20 milliards d’euros supplémentaires l’imposition des entreprises, laisser la liberté aux entreprises d’augmenter la durée du travail.

 Le nouveau président ambitionne par ailleurs de diminuer de moitié l’impôt sur la fortune au bénéfice des actionnaires, de réduire l’autonomie des collectivités locales en leur imposant 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires, de grever de 60 milliards d’euros les dépenses publiques au détriment de la Sécurité sociale et des services publics. Ses préconisations rejoignent celles de Bruxelles et passent sous silence les enjeux essentiels de la répartition des richesses, du renforcement des mécanismes de solidarité, de l’augmentation des revenus et des minima sociaux, de l’élaboration d’une véritable stratégie industrielle, de la conduite d’une politique énergétique et environnementale ambitieuse…

 Ce projet individualiste dessine une société qui laisse sur le bord du chemin les personnes et les familles les plus fragiles. C’est la raison pour laquelle il doit mobiliser contre lui toutes celles et ceux qui aspirent à la construction d’une société plus juste, plus solidaire, plus fraternelle. Cette mobilisation ne peut être que guidée par des valeurs de respect et d’espérance, sans alimenter la haine et le ressentiment.

 Il est ainsi plus que jamais nécessaire de faire converger dans leur diversité les projets d’émancipation sociale. À l’Assemblée nationale, il faudra que les forces de progrès soient en nombre suffisant pour oeuvrer à la reconstruction de la gauche en créant des passerelles, en élaborant des stratégies communes, dans le respect de l’identité de chacun. Nous ne pouvons nous permettre de ruiner à coups de querelles intestines et de batailles d’ego l’espérance de ceux qui aspirent à voir la gauche relever la tête et à se battre, pied à pied, contre ceux qui tentent d’imposer à la France la voie d’un libéralisme forcené. L’invective et les slogans ne font pas un programme politique.

 Le débat sur le projet de loi Travail en 2016 nous a déjà permis de tracer les contours d’une autre gauche, décidée à retrouver le chemin du progrès social et assumant l’héritage des luttes sociales, qui, du repos dominical aux 35 heures en passant par les congés payés, du salaire minimum au droit à la retraite en passant par la Sécurité sociale, ont permis de forger ce modèle social et républicain qui est aujourd’hui le patrimoine commun de millions de nos concitoyens.

 Faire reculer les dogmes libéraux et le pouvoir de l’argent sera demain au coeur des combats de la gauche. Pour bâtir une majorité et mettre en échec le programme porté par La République En Marche !, il nous faut fédérer le peuple de gauche, dialoguer et unir nos forces. C’est la tâche difficile mais exaltante qui attend les communistes et leurs alliés tout au long de cette campagne législative et qui les attendra demain dans l’hémicycle !

 

Tribune publiée dans La lettre hebdo de Témoignage chrétien du 18 mai 2017.

 

 

Face au libéralisme En Marche, fédérons le peuple de gauche
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
Les articles de l'Huma enterre d'avance le groupe communiste alors qu'avec 11 élus, les ultramarins, et des députés comme Lassalle, le PCF peut créer un groupe.<br /> La direction actuelle du PCF pousse à la liquidation du PCF dans FI ce qui correspondrait à son objectif.<br /> TF1 comme Inter et tous les médias parlent ce de 27 élus LFI sans même citer le PCF.<br /> La direction du PCF est aux anges. Les médias l’aient à liquider le PCF.
Répondre
M
Très contente de votre victoire, la nôtre. Votre travail de parlementaire durant la précédente législature en particulier sur la loi travail a été impeccable, persévérant et a ouvert des perspectives fondamentales. malgré les critiques des imprécateurs de tout poil. J'espère que votre voix communiste, celle porteuse des intérêts des ouvriers et des paysans ne sera pas étouffée par les sectateurs ambitieux . Merci et félicitations.
Répondre
S
J'espère que tu réussiras à maintenir un groupe PCF et autres républicains sans avoir à t'allier avec la secte anticommuniste de Mélenchon.
Répondre
S
Pierre Laurent et tous ceux qui soutiennent Mélenchon depuis 6 mois annoncent qu'il faut changer le nom du PCF. Qu'en penses-tu toi qui proposait au contraire un candidat communiste.<br /> CE soutien à Mélenchon, comme tu l'avais dit et écrit, n'avait-il pas pour but de destabiliser le PCF pour le liquider de l'intérieur.<br /> Personnellement je regrette d'avoir voté Mélenchon, car je suis contre le changement de nom du PCF, pour finir comme en Italie....
Répondre