Nous sauver tous. Telle est la mission.

Publié le par André Chassaigne

Durban, jeudi 8 décembre 2011.

 

  Curieuse impression à l'issue d'une première journée à Durban. Une forme d'arrêt sur image, deux ans après la Conférence de Copenhague. La réalité d'une fourmilière où circulent, se croisent, conversent les représentants de 192 pays du monde... à la recherche d'un consensus.

 

 Car c'est bien d'un consensus dont il s'agit pour adopter un texte répondant à l'immense enjeu pour notre planète que représente l'arrêt du réchauffement climatique.

 A Cancun, l'an dernier, seule la Bolivie n'avait pas signé la déclaration finale, adoptée mais faisant aujourd'hui l'objet d'un recours pour ne pas satisfaire la règle de l'unanimité. C'est dire la difficulté de la tâche !

 

 Autre impression prégnante : celle du "tourner en rond". Tout d'abord sur le site où les groupes se cherchent, se réunissent, se disloquent. Chacun s'imprègne et furète, chassant le bon débat (rare en français !) ou avec l'espoir d'échanger avec un négociateur qui "sait". Car le "sachant" dira avec un air entendu que les "lignes" ont bougé, que la Chine s'engage enfin, que les États-Unis prennent conscience, que la société civile (ONG , syndicats...) sera associée au "Fonds vert", que la Banque mondiale n'imposera pas ses vues, que...que...ici , le "sachant"est roi. Il crée la rumeur, l'entretient, la nourrit, la bouleverse.

 

 Fort heureusement, on croise des hommes aussi exceptionnels que Jean JOUZEL, cheville ouvrière française du GIEC, terriblement conscient des enjeux, et sans doute si souvent déçu que le "miroir aux alouettes" le laisse de marbre. Il connaît les difficultés pour mettre ce beau monde d'accord avec des objectifs clairs mais aussi juridiquement contraignants. Il a tant de fois vécu les blocages des derniers jours où les intérêts économiques immédiats écrasent toutes les bonnes volontés ! Et il vit au jour le jour un autre "tourne en rond", celui des débats interminables, des pinaillages pour des parenthèses dans les textes, des effets d'annonce et retours en arrière, des espoirs déçus avec leurs sombres perspectives.

 

 L'expression spécifique des "petites îles en danger" est à ce titre édifiante. Parce que c'est bien de leur survie dont il s'agit : "Pendant ce temps, écrivent-ils, la famine se répand, les inondations continuent d'envahir les maisons et les tempêtes détruisent des vies". Avec cet appel solennel, si révélateur : "Chers Ministres, nous comptons sur vous cette semaine pour montrer un réel leadership et nous éloigner des abysses. Prenez le virage, faites le pas dans une nouvelle et bonne direction pour nous, pour le climat, pour la planète !".

 Et comme la dit l'Ambassadeur des Seychelles : "A la COP 17, vous êtes tous des petites îles en danger. L'enjeu est de vous sauver vous- même !".

 Nous sauver tous. Telle est la mission. Mais l'enjeu peut-il l'emporter sur le jeu ? Une nouvelle voix peut-elle l'emporter sur la voie des "grands", des économies dominatrices... et, surtout, surtout, sur le système financier qui écrase les hommes comme la planète ?

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article