Bel usage du CICE par La Poste !   

Publié le par André Chassaigne

  Décidemment, les restructurations à La Poste n’en finissent pas. Depuis sa privatisation, les réorganisations, fermetures de sites, délocalisations et suppression d’emplois se succèdent à un rythme effréné. Après avoir rodé pendant des années en zone rurale sa stratégie de suppression de bureaux, le groupe accélère ses coupes dans les effectifs et entame une restructuration radicale de sa présence en zone urbaine. Parallèlement, alors qu’il détient 70 % du capital de La Poste, l’Etat mène une véritable politique de Shadoks, doublée d’une hypocrisie terrible à l’égard des agents comme des usagers. Pensez-donc : après lui avoir versé sans contreparties 297 millions d’euros de crédit d’impôt au titre du Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), argent provenant du contribuable, l’Etat a reçu de La Poste 171 millions d’euros de dividendes sur les 627 millions d’euros de bénéfices nets réalisés par l’entreprise en 2013. Systématiquement présenté par le Gouvernement comme un levier pour l’emploi, le CICE est dans les faits une simple machine à dividendes. Ainsi, en 2013, La Poste aura diminué de 1,8 % ses effectifs, soit 4500 suppressions d’emplois ! Ajoutons que la précarisation de l’emploi se poursuit au sein du groupe avec la multiplication des CDD, dont La Poste s’est fait une véritable spécialité depuis longtemps, avec parfois plusieurs centaines de contrats successifs pour un même salarié !

  Et que dire également de l’absence de prise en compte par l’actionnaire principal du mal-être et de la souffrance au travail des agents et salariés du groupe. L’ensemble des représentants syndicaux de l’entreprise font état de la dégradation sans précédent des conditions de travail et de la pression managériale. Comme je l’ai précisé dans une récente question écrite, « des suicides ou des tentatives de suicide […], surviennent dans toutes les régions, dans tous les métiers et aux différents niveaux de l'entreprise. Le taux d'absentéisme pour maladie atteint des seuils sans précédent et les accidents de travail et les maladies professionnelles sont en très forte augmentation ». Voilà des éléments objectifs qui devraient interpeller l’Etat sur ses responsabilités et le sens de son action, plutôt que de l’encourager à faire des cadeaux fiscaux sans contreparties !

  Aussi, je considère que les mobilisations des agents et des usagers qui se multiplient pour s’opposer à la fermeture de bureaux ou à des réorganisations majeures dans les distributions, sont d’intérêt public. Elles doivent être plus largement soutenues. Car La Poste n’est pas une entreprise comme les autres. Les missions de service public qui lui sont confiées sont aujourd’hui directement menacées par des stratégies financières tout à fait contradictoires. Qu’il s’agisse du service universel de la distribution du courrier, de l’accessibilité bancaire, ou du maillage de la présence postale sur l’ensemble du territoire, ces missions sont fondamentales dans un contexte d’explosion de la pauvreté et des difficultés des personnes, et de besoins de proximité et de qualité de service pour tous les acteurs sociaux et économiques. Comment comprendre par exemple que l’on éloigne toujours plus les personnes les plus en difficultés d’un service aussi indispensable qu’un bureau de poste de plein exercice ? C’est donc d’abord à l’Etat actionnaire de mettre un terme à ces restructurations incessantes où le facteur financier prime sur la réponse aux besoins humains. 

 

Bel usage du CICE par La Poste !   
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