Pour une construction collective du travail parlementaire

Publié le par André Chassaigne

 Depuis quelques jours, un emballement s’est emparé du Front de Gauche, à la suite d’une « annonce solitaire » que j’aurais faite concernant le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école. Je me dois tout naturellement de lever les incompréhensions sur ce point.

 - Préciser d’abord que je n’ai fait ni « déclaration », ni « communiqué ». J’ai tout simplement répondu à la question d’un journaliste à l’occasion du point presse hebdomadaire que je tiens, chaque mardi, à l’issue de la réunion du groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine. Comme je le fais chaque fois que je suis interrogé sur un texte inscrit à l’ordre du jour, je me suis limité à donner la position des députés Front de gauche. Cette position est décidée collectivement, après un exposé du député chargé du suivi du projet de loi, à la suite de consultations et auditions conduites en amont, et en prenant en compte les orientations politiques du Front de gauche.

 - Il est rare que nous annoncions d’emblée ce que sera notre vote final. Nous sommes en effet attachés à faire évoluer les textes qui nous sont soumis. Je considère qu’il est de notre responsabilité de parlementaires, de ne pas nous limiter à une simple fonction tribunitienne. Cependant, quand le texte porte sur des enjeux politiques forts, et marque des abandons gouvernementaux, le groupe n’hésite pas à exprimer d’emblée son opposition ferme, même s’il compte mener une bataille d’amendements durant les débats. Cela a été notamment le cas dès qu’a été signé l’accord scandaleux sur la sécurisation professionnelle : notre opposition a été immédiate, nette, et définitive, contre cette dérive sociale-libérale aux conséquences graves sur la vie et les droits des salariés. D’emblée, nous avons fait connaître notre forte mobilisation contre cet accord et le texte de loi le retranscrivant.

 - Sur la loi d’orientation scolaire, je me suis limité à constater le caractère « déclaratif » du projet de loi, soulignant qu’il apparaissait « volontariste » sur certains points (scolarisation des moins de 3 ans, formation des enseignants) mais qu’il était extrêmement inquiétant concernant une territorialisation de notre système éducatif, avec une remise en cause de son pilotage national, en particulier avec la régionalisation de l’orientation et de la formation professionnelle et l’ambigüité entre mission scolaire et péri-scolaire.

 J’ai précisé que notre vote serait « fonction des débats, des amendements, des avancées qu’on pourra avoir sur ce texte » et qu’une décision de vote contre, prise a priori, n’avait pas été retenue.

 Le débat ne débutant que le 11 mars, et le travail en commission n’ayant pas alors commencé, je n’ai pas jugé pertinent d’approfondir notre analyse. Ce sera bien sûr l’objet des interventions que feront en séance nos porte-parole, Marie-George Buffet et Gaby Charroux. A cette occasion, ils pourront promouvoir l’excellent travail réalisé par le Front de gauche de l’éducation en déclinant les propositions de notre projet pour l’école. Bien évidemment, les députés du Front de gauche sont aussi disponibles pour déposer une proposition de loi alternative issue de l’approche collective de toutes les forces mobilisées sur cette question : militants du Front de gauche, syndicalistes, parents d’élèves, chercheurs…

 - Cette démarche collective, souhaitée par les parlementaires du Front de gauche, vient de se concrétiser avec la rédaction d’une nouvelle proposition de loi, commune à nos groupes du Sénat et de l’Assemblée nationale, à laquelle a été étroitement associé le Front des luttes. « Visant à interdire les licenciements boursiers et les suppressions d’emplois abusives », cette proposition de loi, qui me paraît prioritaire, vient d’être finalisée et sera présentée prochainement par les parlementaires et le Front des luttes. Elle alimentera nos interventions et amendements sur le projet de loi concernant l’Accord National Interprofessionnel.

 Soyons donc attentifs à ne pas opposer l’engagement des uns et des autres. Il faut prendre en compte que la tâche des dix députés du Front de gauche est colossale. De plus, elle est complexe, puisqu’il s’agit de travailler avec des moyens limités, sur des textes proposés dans des temps courts, tout en ayant le souci permanent de faire évoluer les textes soumis au débat et de développer les propositions alternatives de notre programme « L’humain d’abord ».

 Sans aucun doute, la meilleure réponse est bien celle de la construction collective de tous ceux qui considèrent, comme moi, que le Front de gauche, ses propositions et ses luttes sont une chance pour le peuple de France.

 

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C
Les inquiétudes des militants du Front de Gauche, notamment des enseignants, et en particulier des communistes, ne vont pas dans le sens d' une opposition à l'engagement des uns et des autres.<br /> C'est tout le contraire, elles sont porteuses du souhait d'un travail collectif. Je mesure bien l'ampleur et la difficulté de la tâche de nos 10 députés. Mais c'est pour cela même que le Groupe<br /> doit davantage s'appuyer sur les secteurs concernés et ici sur les enseignants et leur connaissance fine et leur maîtrise du contenu de ce projet de loi.<br /> Il s'agit d'alerter le groupe sur les dangers de cette réforme néolibérale, présentée de façon positive par Vincent Peillon et le gouvernement (et sans réelle concertation).<br /> Car ce texte porte grandement lui aussi sur des enjeux politiques forts et marque de graves abandons gouvernementaux non conformes à nos valeurs de gauche.<br /> Est en balance un choix important de société. Est posé l'avenir proche mais aussi plus lointain d'une société pour notre pays.<br /> L'inventaire des dangers est immense et inacceptable,mais je voudrais m'attacher aux conséquences néfastes concernant l'Ecole Primaire, pourtant censée être une priorité!!!<br /> Se profilent des dangers pour les élèves(école à 2 vitesses, recul des objectifs pédagogiques et introduction de temps de garderie et d'animation de la maternelle au cycle 3 qui seront sélectionnés<br /> par des élus non spécialistes...) dangers pour les enseignants(dévalorisation du statut, confusion des rôles,professionnalisme moins reconnu, service public mis à mal et glissement vers la<br /> privatisation...)dangers pour les parents(réduction du temps quotidien de classe et de la construction des savoirs facteurs pourtant déterminants pour la suite des études...)dangers pour les<br /> communes et les contribuables(désengagement de l'état,transfert de responsabilités et surtout de charges très lourdes...)enfin dangers pour les animateurs eux-même et les associations(souvent<br /> manque de formation pour un encadrement de qualité, bas salaires et horaires d'emplois précaires...).<br /> Le Ministre doit revoir sa copie et le Groupe GDR doit s'opposer au massacre de l'Education Nationale!<br /> En prolongement aux journées d'action des 31 janvier et 12 février, Rendez-vous le 6 avril à Paris pour une Ecole de la réussite pour tous de la maternelle à l'université!<br /> Claudine CHALMETON, enseignante.
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C
Maire de la commune de Loupiac (33410) et enseignant en maternelle, j'ai réagi dés le mois d'avril 2012 aux propos du tout nouveau ministre de l'EN qui annonçait comme priorité numéro1 le retour à<br /> 4,5 jours de classe...rythme abandonné depuis 1992 dans notre département sans que personne ne s'en offusque jusque là. La loi d'orientation sur l'école est un catalogue de bonnes intentions mais<br /> qui pour beaucoup ne sont pas financées ou plus grave, dont le financement est renvoyé aux collectivités locales. C'est le cas par exemple du parcours culturel... cette loi entérine un abandon du<br /> caractère national de l'EN, les inégalités territoriales, la mise sous tutelle des élus des projets éducatifs...comment pouvez vous hésiter à ne pas voter cette loi....la poursuite de mon adhésion<br /> au PCF dépendra beaucoup de vote décision...<br /> Amicalement<br /> Lionel Chollon
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H
La réforme Peillon n'est en aucun cas acceptable. Si la quasi-totalité des enseignants et des parents d'élèves sont contre, il y a quelques raisons à cela.<br /> Comme secrétaire départemental de la FSU 70, je peux te certifier que le simple fait de laisser planer un doute sur cette réforme sera mal vu.<br /> l'objectif central, derrière les incohérences apparentes est d'introduire les collectivités locales dans l'école et la définition des contenus, prolongement de la 3eme phase de la décentralisation<br /> qui va bientôt gagner les Lycée (autonomie et recrutement); lis les annexes du projet.<br /> La consultation n'a été qu'un leurre.<br /> Cette réforme va couter cher et dégrader la situation qu'elle prétend améliorer.<br /> Propose plutôt une rencontre avec les enseignants afin d'établir une plateforme de propsositions en accord avec la profession.<br /> HF
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G
Le Front de Gauche du Numérique Libre a rédigé des amendements au projet de loi Peillon. Nous avons rencontré Brigitte Gonthier-Maurin avec deux de ses collaboratrices et lui avons remis ces<br /> propositions d'amendement visant à deux choses :"enseignement de la science informatique dans tout le cursus scolaire" et "utilisation exclusive de logiciels libres" dans le Ministère de l'EN mais<br /> aussi dans le "service public du Numérique" prévu par la loi Peillon.<br /> Or depuis la mi-novembre nous demandons à rencontrer Marie-George Buffet et ses collaborateurs, sans succès. Je vais donc t'envoyer sur ton mail wanadoo ces propositions d'amendements.<br /> A l'heure où Peillon dans sa "feuille de route" déclare : "Une réflexion sur la place que doit prendre la science informatique, à tous les niveaux d’enseignement, sera prochainement engagée."<br /> le moment est venu de proposer cette réflexion à partir du 11 mars. Nous comptons sur les député-e-s Front de Gauche pour faire aboutir cela dans la loi, celle-ci ou une autre élaborée par les<br /> assises qu'a évoqué Pierre Laurent.
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G
D'accord André pour cette mise au point, car je m'étais inquiétée suite au blog de JLM.<br /> Sur l'Ecole, en effet il y a bcp à dire. Ma crainte étant un retour aux systèmes des "animateurs" que la droite a voulu un temps imposer aux Profs de gym et que notre syndicat snep/fsu a contré.<br /> Retiree les contenus "culturels" comme les arts, la Musique, l'EPS aux enseignants du Primaire en leur confiant uniquement "lire,écrire,compter", comme si tous ces contenus étaient évacués des<br /> matières "fondamentales" ...et ce avec des animateurs non ou mal formés, sous-payés, par des Communes étranglées financièrement. Là est peut être l'objectif inadmissible du gouvernement actuel . Le<br /> Front de Gauche, donc sa composante essentielle le PCF doit faire la lumière sur les intentions du gouvernement et refuser de telles dérives nuisibles pour les apprentissages des enfants et le rôle<br /> des enseignants.<br /> Bien à toi<br /> Jacqueline guillien Bobigny
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