Au cœur de notre quotidien : le pouvoir d’achat
Les débats parlementaires de la session extraordinaire de cet été auront été marqués par une question concernant directement les habitants de notre pays : celui du pouvoir d’achat. Directement ou sous-jacente, exprimée ou dissimulée, il s’agit bien là d’une question essentielle, en prise avec le quotidien du plus grand nombre.
Ainsi, l’hémicycle a pu résonner de cris d’orfraie, ceux d’une droite retrouvant soudainement sa virginité en défendant… les « pauvres » travailleurs « matraqués » par la nouvelle majorité ! En effet, s’il n’y a pas eu remise en cause des heures supplémentaires, la suppression de leur fiscalisation et de leur exonération de cotisation sociale a provoqué un tollé chez les partisans du « travailler plus », ardents défenseurs de la compétitivité au détriment des salaires et des prestations sociales. Les députés Front de gauche ont défendu quant à eux le principe que toute heure travaillée devait être soumise à l’impôt comme aux cotisations qui conditionnent notre système solidaire de sécurité sociale. Mais nous avons aussi dit et redit que l’augmentation du pouvoir d’achat est une priorité et qu’elle passe par l’augmentation des revenus, plus particulièrement celle des bas salaires et des retraites. Nous attendons de la nouvelle majorité des gestes forts dans ce sens.
Le gel et la réduction des salaires et pensions ont aussi des conséquences directes sur des marchés comme ceux de l’automobile. Indéniablement, les politiques d’austérité mises en œuvre en Europe sont une des premières causes de la grave crise de PSA Peugeot-Citroën. La baisse des ventes concerne en effet en premier lieu le segment des petites voitures, celui des modèles populaires. Cela explique pour partie qu’au premier semestre 2012, sur un marché européen de voitures particulières en recul de 6,8 %, les ventes de Peugeot-Citroën ont diminué de 13,9 %, alors que celles du groupe Wolkswagen, aux plus grosses cylindrées, ne se sont tassées que de 1,5 %. C’est avant tout l’appauvrissement de larges secteurs de la population qui casse la demande. Le gouvernement de gauche doit prendre en compte cette donnée s’il veut que son plan pour l’automobile soit efficace.
Mais l’été est aussi le temps des départs en vacances. Ou du moins devrait l’être quant on sait que la moitié des Français n’ont pas les moins financiers pour s’extraire, ne serait-ce quelques jours, de leur quotidien. Comment trouver quelque argent pour partir en vacances quand la précarité bouscule tant de domaines de la vie ? L’énergie, le logement, les transports, les frais de santé… et bien évidemment la nourriture, en particulier celle de saison avec les fruits et légumes.
Cette question du pouvoir d’achat est en fait au cœur du mouvement d’opposition que nous initions contre le pacte budgétaire européen en exigeant un référendum. En corsetant les choix politiques des Etats, en imposant la rigueur comme solution à la crise, le traité européen entraînera l’austérité pour le plus grand nombre. Nous ne suivrons pas ce chemin-là, à l’opposé des mesures à prendre pour répondre aux urgences sociales. Le peuple de France a voté pour le changement et c’est dans sa vie de tous les jours qu’il vérifiera si les promesses sont tenues.
Chronique publiée dans le journal La Terre.