La gauche ne doit pas faillir !
Le constat que je fais dans mes échanges quotidiens, que ce soit dans le territoire où je suis élu, ou à l’occasion des réunions que j’anime dans d’autres départements, est celui d’une immense attente. Les Françaises et les Français, à l’image de tant de peuples du monde souffrent. Et ils veulent que leur vie change. Mais change vraiment, concrètement.
Alors que les médias se gargarisent à longueur de journée du nombre de milliards de dettes « insurmontables » des Etats ou des indices du CAC 40 minute par minute, d’autres chiffres bien plus importants, traduisent à eux-seuls le besoin de changement, sans qu’ils fassent l’objet du moindre commentaire. Ainsi, comme le révèlait l’Humanité il y a trois jours, au cours des 6 premiers mois de l’année 2011, ces mêmes entreprises du CAC 40 viennent de réaliser des bénéfices nets record, en hausse de 7,4 % par rapport à 2010, cumulant 47 milliards d’euros. Le seul groupe Total progresse encore avec 6, 6 milliards d’euros de bénéfices sur la période. Dans le même temps, nous pouvions retrouver cet été, sous la forme d’un « palmarès » dans le magazine Challenges, le classement de l’indécence, de l’opulence et de la cupidité, avec les 500 plus riches de France, dont le seul trio de tête, Bernard Arnault, patron de LVMH, Gérard Mulliez, patron d’Auchan, et Liliane Bettencourt, patron de L’Oréal, cumulaient quelques 60 milliards d’euros de richesse personnelle. Et que dire des quelques généreuses secondes accordées par les directeurs d’antennes en cette rentrée aux 8,5 millions de pauvres et aux 4,5 millions de chômeurs que compte notre pays ?
Face au matraquage idéologique auquel sont soumis les Français, notre responsabilité est énorme : il nous faut faire comprendre que pour changer, pour que leur vie change vraiment, il est incontournable de s’attaquer aux mécanismes qui produisent tant d’injustices, tant d’inégalités. Il nous faut faire comprendre que pour que la vie change vraiment, il est inévitable de s’attaquer à l’impunité de ceux qui s’accaparent sans justification, et pour leur seul intérêt, une part de plus en plus grande des richesses produites, au détriment du progrès social pour le plus grand nombre.
La question centrale est donc la suivante : comment faire progresser l’exigence de s’attaquer radicalement au système économique et politique en place, et ce, dès aujourd’hui, dans le contexte actuel, pour faire échouer le scénario de régression sociale que l’on veut nous imposer ?
Si nous réussissons, nous ouvrons bien évidemment la porte à un succès électoral, aux présidentielles comme aux législatives. Celui de ce rassemblement inédit que nous avons créé et qui porte le plus nettement les perspectives de transformation sociale : le Front de Gauche et les organisations qui le composent ou en sont associées. Ce succès, avec notamment l’élection de nombreux députés du Front de Gauche, sera un élément déterminant du changement tant attendu. Et il sera d’une grande utilité, quelle que soit la majorité en place.
Mais la prise de conscience des changements à effectuer, par l’adhésion aux mesures radicales à mettre en œuvre, ne pourra se limiter aux seules échéances électorales. Il apparaît aussi indispensable de faire progresser et d’amplifier les luttes, sans lesquelles nous n’ancrerons pas d’exigences fortes. La conjugaison de ce qui « sort des urnes » et de ce qui « sort dans la rue » est plus que nécessaire : elle est la condition pour que se concrétisent les ruptures ouvrant à un changement de société.
Le temps est compté, mais la disponibilité pour cette tâche historique est immense, bien au-delà de nous, les communistes, à pied d’œuvre depuis si longtemps. Pour cela, je porte la conviction qu’il nous faut dépasser les constructions d’appareil et les simples déclarations de tribune : il ne suffit pas de glorifier la qualité de notre rassemblement et la beauté de nos muscles.
Ainsi, les parlementaires communistes que nous sommes, députés et sénateurs, avons certes, avec nos partenaires, une grande responsabilité pour décortiquer et montrer la nature réelle des politiques gouvernementales, de la règle d’or budgétaire aux mesures d’austérité. Notre combat sera à la hauteur du rejet massif qui monte du pays. Mais nous nous inscrivons aussi dans la dynamique d’indignation, de résistance et de construction collective qui doit s’amplifier dans le pays.
« Place au peuple à l’Assemblée nationale » dirons-nous dans un débat à la Fête de l’Huma (samedi à 14 h au stand de l’ANECR). C’est ce que nous essayons de faire vivre d’ores et déjà en nourrissant nos analyses et nos interventions des luttes populaires et de la parole citoyenne. Et ce n’est pas un simple slogan ! Comme je l’ai si souvent dit durant mes 4 années de présidence de l’Association Nationale des Elus Communistes et Républicains, c’est même la « marque de fabrique » des élus communistes. Des quartiers et villages aux entreprises et aux services publics, des mobilisations sociales aux assemblées citoyennes, rien ne peut aboutir sans ce travail de tissage permanent entre les luttes, quelles qu’elles soient, et les débouchés politiques indispensables.
Mais j’ai aussi la conviction qu’il nous faut, sans attendre, faire tomber les murs qui protègent tant de dérives et hypothèquent les perspectives d’un changement réel. Bousculons les atermoiements de ceux qui, à gauche, hésitent encore à prendre le chemin de la transformation sociale. Solennellement, collectivement, à tous les niveaux, lançons un appel au rassemblement du plus grand nombre pour jeter à bas cette société. Adressons-nous sans a priori à l’ensemble des forces progressistes de ce pays pour qu’elles rejoignent ce combat historique que les communistes et le Front de Gauche ont engagé pour le bonheur de l’humanité. Ensemble, nous pourrons ouvrir le grand chantier du changement de société. Pour cela, affrontons avec courage les grands enjeux auxquels sont confrontés les êtres humains et la planète qui nous héberge. Et portons dans un large rassemblement populaire les solutions de haut niveau qui sont nécessaires.
Pour le peuple de France et pour le devenir des peuples du monde, je le dis avec mon cœur et ma raison, même si cela peut apparaître grandiloquent : dans ce tournant historique, la gauche n’a pas le droit de faillir.
Accrochons-donc nos charrues respectives à la même étoile : celle du développement humain et d’une planète sauvegardée. Cette étoile ne peut être celle de l’accompagnement d’un système à bout de souffle.