« Produire français »… il faut des actes !

Publié le par André Chassaigne

 

  Voilà que la thématique du « produire français » est revenue soudainement sur le devant de la scène. Présentée comme un bel objet électoral, elle doit avant tout servir de parapluie à un bilan industriel calamiteux pour le Gouvernement.

 Car lorsqu’on compare les beaux discours que le Président de la République a tenu sur la production nationale, à l’intention des salariés d’Alstom, de Facom, de Sediver ou de Gandrange, aux résultats obtenus après 5 années de pouvoir, on ne peut dominer sa colère devant une telle hypocrisie.


 400 000 emplois industriels ont été perdus depuis 2007, dont près de 72 000 encore l’an dernier. L’industrie a été livrée à l’appétit insatiable des financiers, avec leurs exigences de rentabilité, synonymes de suppressions d’emplois et de délocalisations. Si cette politique a été très efficace, c’est uniquement en termes de croissance financière et de niches de profits ! Mais quel désastre pour l’emploi et le tissu de PME dans nos territoires.

 

 Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

 Les salariés de Fralib - Thé l’Elephant à Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône, ne souhaitent qu’une seule chose, pouvoir « produire français », en faisant reculer la transnationale de l’agroalimentaire Unilever qui a fait le choix de la délocalisation.

 Et que dire des 305 salariés de Merck-Organon, à Eragny-sur-Epte, dans l’Oise, dont les activités de production d’insuline sont indispensables à l’indépendance de la France en matière de traitement des malades du diabète ?

 Que dire de M-Real à Alizay, dans l’Eure, seule entreprise de France à produire des ramettes de papier, et de ses 330 salariés dans l’attente d’une solution industrielle ?

 Que dire de la fermeture du site de Vedène de Continentale Nutrition dans le Vaucluse, avec ses 96 salariés ?

 La lutte déterminée de tous ces salariés se heurte toujours au refus du pouvoir de satisfaire leur souhait le plus cher : pouvoir continuer de « produire français ». Les faits sont bien têtus. Ils fondent une certitude : la politique de la majorité compromet chaque jour un peu plus les possibilités de restaurer une véritable capacité industrielle.

 

 Défendre le « produire français », ce n’est donc pas sauter sur sa chaise comme un cabri, en criant : « produire français ! produire français ! », après 5 ans de laisser-faire.

 Cela commence d’abord par mettre un coup d’arrêt aux licenciements boursiers. Il faut ensuite reconstruire un tissu industriel diversifié, avec ce que notre pays compte comme savoir-faire, en soutenant tous ceux qui luttent pour le maintien et le développement de leur emploi.

 A cette fin, la priorité est de revoir fondamentalement la politique de nos banques, en leur imposant le financement, à des taux d’intérêt faibles, de projets favorables à la création d’emploi, à la formation et aux investissements productifs et novateurs. Je ne compte plus les chefs d’entreprise, qui me disent qu’ils ne tiennent plus, à cause de taux d’intérêt qui dépassent aujourd’hui les 6 %, voire 8 %, et encore : quand les banques veulent bien leur accorder des prêts !

 

 Décidemment, les faits sont bien têtus.


 

 

Chronique publiée dans le journal La Terre du 14 au 20 février 2012.

 

 

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