Un budget 2014 qui obéit aux canons de la finance

Publié le par André Chassaigne

 Précédant son adoption par le Parlement français, la Commission européenne a validé le projet de budget de la France pour 2014, estimant qu’il était en ligne avec les exigences du pacte de stabilité et avec la recommandation adressée à notre pays. Si la Commission européenne est satisfaite, les peuples d’Europe font quant à eux l’amère expérience de l’inefficacité des politiques d’austérité, qui étouffent toute ambition de progrès et de développement. La doctrine en vogue est que souffrance et privation jalonnent un chemin de croix nécessaire pour lutter contre la crise économique.

 On nous assène que les déficits budgétaires aboutissent à l’escalade des taux d’intérêt et que la rigueur favoriserait l’emploi. C’est pourtant le contraire que les Français observent : le chômage croît et les restrictions budgétaires plombent notre économie. Le PIB a ainsi reculé de 0,1 % ce dernier trimestre et les perspectives de croissance restent pour le moins modestes.

 Devant ce constat, le Gouvernement a décidé que l’unique planche de salut consistait à accroître la concurrence en baissant le coût du travail et en augmentant le volume des aides aux entreprises. Bien que les entreprises disposent déjà de 6000 aides, qui représentent un coût de 110 milliards d’euros par an, il faudrait aller encore plus loin ! Avec le crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE), ce sont 20 milliards d’euros d’aides supplémentaires qui sont généreusement transférées, sans contreparties. Comble de l’absurdité économique et sociale, ce nouveau cadeau, qui profite notamment aux entreprises du CAC 40, est financé par une hausse de la TVA, par de nouvelles hausses d’impôts et par des coupes dans les budgets au nom de la réduction des dépenses publiques.

 Ces choix ne créent pas seulement le trouble parmi toutes celles et tous ceux qui ont placé leurs espoirs dans le changement politique en mai 2012, ils exacerbent le sentiment d’injustice chez nos concitoyens. Ils ont aujourd’hui le sentiment que rien ne change, que les gouvernements se succèdent et poursuivent le même ordre du jour.

 Cet ordre du jour, fixé par les marchés financiers et ses relais à Bruxelles, permet aussi à la droite, au Medef, et à l’extrême droite, d’instrumentaliser le mécontentement populaire, pour mieux briser les fondements de la solidarité et propager une révolte antifiscale. Disons-le : les forces de gauche sont aujourd’hui face à une responsabilité historique, celle de redonner espoir à nos concitoyens, en se fixant pour priorités le combat contre les inégalités, le combat contre la destruction de l’emploi, le combat pour le progrès social. Cela ne peut se faire sans un profond changement de cap.

 En matière budgétaire, la priorité est d’engager une grande réforme fiscale, mais pour rendre l’impôt sur le revenu réellement progressif. Taxer le capital et les transactions financières, cesser d’épargner les plus hauts revenus, lutter contre l’évasion fiscale, remettre à plat toutes les exonérations fiscales et sociales. Il faut rompre avec l’obsession de la réduction des déficits et de la compétitivité à tout prix. C’est avec la conviction que le redressement viendra d’une meilleure répartition des richesses, en mettant fin au pillage des richesses orchestré par la sphère financière, que les députés du Front de Gauche ont rejeté ce projet de budget pour 2014, qui obéit aux seules canons de la finance.

 

 

Chronique publié dans le journal La Terre.

 

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Ce serait bien si vous pouviez ajouter un module de partage Twitter, merci ! :)
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